Originaire d’Afrique du Sud, Zanele Muholi a mis sa photographie au service des personnes noires et LGBTQIA+ (lesbiennes, gay, bi, trans, queer, intersexes, asexuelles et autres), qui restent confrontées à une grande violence dans son pays, malgré des lois très progressistes.
Toujours en lutte, l’artiste, qui s’identifie comme non binaire, a représenté les souffrances mais aussi la vie quotidienne de sa communauté, et envisage son activité artistique comme un combat politique pour conquérir une place et une visibilité, dans un monde qui ne lui a jamais fait de cadeaux.
Nous sommes en 1968. Dans la nuit du 20 au 21 août, les chars russes envahissent la Tchécoslovaquie et répriment dans le sang le printemps Prague. Le lendemain, le KGB fait courir une fausse rumeur de manifestation de protestation pour provoquer un incident qui pourrait justifier son invasion. Les habitants de Prague ont été avertis juste à temps de ce piège. A l’heure du rendez-vous, le 22 août, les manifestants ne se sont pas déplacés. La place Wenceslas était déserte.
L’atmosphère est lourde car tout le monde sait que les chars russes ne sont pas loin, en embuscade. Tout est calme et silencieux, comme le reste du monde qui assiste, impuissant, à l’invasion.
Josef Koudelka veut immortaliser ce moment, il grimpe sur l’échafaudage situé devant l’avenue et demande à l’ouvrier qui se trouvait là de tendre son bras. Il est midi et vingt minutes sur sa montre*. A cet instant, Le temps de ce pays se fige, pour deux décennies.