"Qu’est-ce qu’un geste ? Quelque chose comme le supplément d’un acte. L’acte est transitif, il veut seulement susciter un objet, un résultat ; le geste, c’est la somme indéterminée et inépuisable des raisons, des pulsions, des paresses qui entourent l’acte d’une atmosphère. (au sens astronomique du terme). [...]
L’artiste (gardons encore ce mot quelque peu kitch) est par statut un opérateur de gestes :il veut produire un effet, et en même temps ne le veux pas ; les effets qu’il produit, il ne les apas obligatoirement voulus ; ce sont des effets retournés, renversés, échappés, qui reviennent sur lui et provoquent dès lors des modifications, des déviations, des allègements de la trace. Ainsi dans le geste s’abolit la distinction entre la cause et l’effet, la motivation et la cible, l’expression et la persuasion."
Roland BARTHES (1915-1980)
« Cy Twombly ou « Non multa sed multum
», in
Essais critique 3., L’Obvie et l’Obtus, Paris : Seuil, 1982.
Cité in
Les plus beaux textes de l’histoire de l’art, choisis et commentés par Pierre STERCKX, éd. Beaux-Arts, 2014, p . 254-255.